DÉMIANS Anne

2017 Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres
2016 Finaliste pour le Grand Prix national de l’architecture
2016 Dépose le label IDI (Immeuble à Destination Indéterminée) avec ICADE
2015 Membre titulaire de l’Académie d’Architecture
2013 Médaille d’argent Prix Le Soufaché
2013 Prix des femmes architectes. Catégorie « œuvre originale »
Participe aux groupes de travail suivants :
RBR 2020-2050 Groupe de travail présidé par Christian Cléret et Alain Maugard sous l’égide de la commission Philippe Pelletier du Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire. Participation depuis 2012.
Conseil d’Orientation Scientifique de la Cité de l’architecture et du patrimoine. Conseil présidé par Marie-Christine Labourdette. Le conseil d’orientation scientifique émet des propositions et donne son avis sur la politique culturelle et scientifique de l’établissement, et notamment sur le projet et le bilan scientifiques.
Enseigne à l’Université Paris Dauphine dans le cadre du Master Management de l’Immobilier
Le travail d’Anne Démians, est au cœur de cette façon neuve de voir l’architecture. Elle mène des travaux synthétiques et fondamentaux qui s’inscrivent dans leur temps, avec un cadrage à la Dolan et l’énergie à la Banksy que quelques rares observateurs (journalistes, critiques, universitaires ou commanditaires) ont déjà décryptés. Elle construit son parcours avec une unique obsession : celle d’élargir le plus possible les champs d’application de ses réalisations et de ses contributions pour qu’elles résultent instantanément des évolutions ultra-rapides de notre société.
Le texte « Consonance et Dissonance » qu’elle publie dès 2006, parle déjà du mélange des genres et des langages, des vrais mensonges et des fausses vérités en architecture. Elle parle des fabrications consonantes, bâties volontairement sur des valeurs dissonantes et propose que l’on admette « l’hybridation et la circonstance » comme des possibles ossatures de l’œuvre d’un architecte. Mais, c’est sa nature profonde, faite d’art, d’histoire et de technique, qui lui permet d’exercer sportivement ce métier, avec une nouvelle manière de faire, usant de réflexes qui tiennent d’une société coulée puissamment dans le numérique et dans l’instantané. Ce qui ne l’empêche pas de prendre le temps de resituer les fondamentaux, partout là où elle intervient, quelles qu’en soient les contingences.
Elle écrit, prend position, réalise, enseigne et apporte sa contribution à plusieurs groupes de travail sur la ville mutable, l’environnement et l’énergie, en refusant les images trop rapides, vides de sens, d’un environnement caricaturé et trop normé. Ces sujets retiennent particulièrement son attention depuis des années. Le texte « Embarquement immédiat » qu’elle rédige à la demande de Philippe Pelletier, président du Comité Stratégique du Plan Bâtiment Durable, en 2016, pour être présenté au Ministre de l’Ecologie, en dit long sur son engagement.
1/ Sa façon de faire et ses réalisations
En parlant aux maitres d’ouvrage privés de la même manière qu’aux commanditaires publics, l’architecte affiche un degré d’exigence qui lui permet de produire des œuvres que nous avons beaucoup de mal à estampiller (publiques ou privées) tant les différences sont faibles. Les arguments qu’elle développent et sa parfaite maitrise des techniques et des coûts de construction sont une des clés de son système de développement. La distance qu’elle met entre les mots et le chantier, comme celle qui consiste, pour elle, à transférer l’exigence des préoccupations publiques dans des réalisations privées, reste extrêmement réduite. On sait qu’elle construit comme elle parle, savamment et directement. On voit que ses œuvres portent déjà sa façon de faire, nouvelle et déliée.
Son œuvre, pour Société Générale, achevée en 2017, est une œuvre construite avec son interlocuteur, un paysagiste, un designer et un graphiste, pour ce qui ressort des espaces nouveaux du travail. C’est la société du numérique qui s’est invitée dans le projet, en même temps que la construction, fractionnée et interactive, qu’elle a dessinée comme un prolongement des attentes.
Ses interventions sur des restructurations et des extensions d’équipements lourds, comme l’Hôtel-Dieu à Paris (2025), l’ESPCI à Paris (2024), les thermes de Nancy (2022) ou le Lycée hôtelier de Guyancourt, précisent la dimension de son attention aux existants et son entêtement à vouloir les transformer de la manière la plus confortable et la plus contemporaine qui soit.
La transformation et la construction des Halles de l’EMGP à Aubervilliers pour Icade (2020-2024) est l’occasion de faire le lien avec l’Histoire et la modernité dans une nouvelle opération immobilière structurante pour le quartier.
Les différentes opérations de logements, qu’elle a réalisées ou qu’elle met en chantier actuellement, partent toutes d’une même idée : produire le plus d’espace possible « pour habiter plutôt que se loger ». Auteuil, Black Swans, Asnières, M9d4, Ziegelwasser, et Rungis s’intéressent à de nouvelles manières d’habiter l’espace, pendant que les projets à Sarcelles et Strasbourg élargissent leur champ d’investigation sur la mixité.
2/ Ses contributions théoriques sous objectifs opérationnels
Evaluant ses idées et ciselant ses intuitions, avant de les exposer, Anne Démians joue l’opérationnel immédiatement connecté au théorique. Car rien ne la contrarierait plus que de penser qu’elle ne pourrait pas réaliser les choses telles qu’elle les a pensées. Entre la théorie et la pratique, il y a chez elle, un écart si faible que tout semble s’exprimer en même temps et sans aucune différence visible. Qui la connait, connait l’engagement qui la plonge dans les tribulations et les égarements d’une profession en pleine mutation. Les temps ont changé. Elle reprend prise sur l’espace défini et repense sa surface, ses limites, sa définition comme sa destination, en multipliant ses usages potentiels.
Les tours Black Swans (2019) à Strasbourg montrent que sa théorie sur l’espace indéterminé est efficace puisqu’elle a convaincu ICADE de construire l’idée qu’elle portait sur le plan urbain, sur la requalification des espaces domestiques comme la base d’une nouvelle esthétique compatible avec la variabilité des cycles économiques. La trame universelle qu’elle met au point et qui lui permet d’assembler différents programmes dans un même immeuble, confirme l’intitulé du label IDI (Immeuble à Destination Indéterminée), déposé officiellement en 2016.
On comprend qu’avec la réalisation de Strasbourg, c’est d’environnement toujours qu’on parle, puisque tout le projet, dans ses fondements de reconversion et dans la totalité de ses façades appropriées, se présente comme un défi au gaspillage, sujet que l’on retrouvera dans ses contributions nationales.
Engagée dans une démarche sensible à l’environnement depuis 2006, elle est lauréate, en 2009, de la première session du concours Bas Carbone initié par Yves Bamberger et EDF pour proposer de nouveaux modèles de constructions économes en émissions de carbone. Ce prix lui apporte une visibilité qui prolongera son action jusqu’en 2016, où les membres de la commission Pelletier lui commanderont un texte qu’ils intituleront « Embarquement immédiat, vers un modèle français intelligent ».
Elle joue en même temps sur ces trois registres pour augmenter son sentiment d’être utile à une génération qui demande autre chose qu’une seule chose. Elle se glisse entre les sujets pour mieux révéler l’espace libre et expressif de l’architecture. Car, comme le disait Louis Jouvet : « L’acteur ne doit pas jouer la phrase, il doit jouer entre les phrases »