Histoire
Une origine ancienne
L’Académie Royale d’Architecture, créée par Colbert en 1671, était un « haut conseil » de plus de trente académiciens, chargé de la doctrine architecturale, de l’enseignement, des questions relevant de la construction des ouvrages publics, et de la déontologie de l’exercice de la profession d’architecte - mal définie alors. Elle tenait lieu à la fois Conseil des Bâtiments du Roi, société savante, et foyer de connaissances et de transmission. Son rôle dans le domaine des travaux de bâtiments était aussi prépondérant que nécessaire.
Le décret de la Convention du 7 août 1793, la supprima, avec « toutes les Académies et sociétés littéraires patentées ou dotées par la nation ». Ses principales attributions furent alors réparties entre :
- Le Conseil des Bâtiments Civils, créé en 1795, qui se chargea des questions doctrinales et techniques de construction et de décoration ;
- L’Académie des Beaux-Arts, une des cinq académies réunies au sein de l’Institut de France créées en 1816, regroupant auprès des architectes, des peintres, sculpteurs, musiciens… avec vocation de défense et illustration du patrimoine artistique de la France.
Mais l’essentiel des missions, « toisé », maîtrise des coûts, jurisprudence arbitrages, déontologie, étaient délaissées.
En 1811, une première tentative de créer une « Société des Architectes » regroupant les meilleurs élèves des anciens académiciens - Baltard, Belanger, Peyre, Vaudoyer, Vignon - était tentée sans succès et dut suspendre ses activités en 1816, paralysée par les évènements politiques.
En 1830, à Lyon, dix-neuf architectes se rassemblaient dans la « Société Académique d’Architecture », avec l’objectif de ne reconnaître comme architecte que ceux qui, par des épreuves probatoires, se montreraient dignes d’en porter le titre.
A Paris, le 15 novembre 1840, fut adoptée la création de la « Société Centrale des Architectes ». Parmi les 100 membres fondateurs, réunis sous la présidence de Pierre-Louis Baltard, se trouvaient les survivants de l’ancienne « Société » de 1811. Le Ministère de l’Intérieur en approuva les statuts en 1843.
La société centrale des architectes
Au nombre de 500 maximum, les membres de la Société centrale des architectes se répartissaient en deux collèges : les membres « résidents » (parisiens), et « non-résidents » (provinciaux). Les anciennes missions de l’Académie Royale, délaissées par l’Académie des Beaux-Arts et le Conseil des Bâtiments Civils, étaient reprises en main, avec l’objectif principal d’organiser la profession d’architecte selon les garanties « de talent, d’instruction, d’expérience, de capacité et de moralité que réclament la bonne exécution des monuments des édifices et des constructions en général ainsi que le bon emploi des fonds qui y sont consacrés ». Elle s’emparait donc :
- des débats sur l’Architecture…
- dès 1843, de la création d’un diplôme d’Architecte, dont le succès aboutira en 1867 à la création du « diplôme d’architecte de l’École des Beaux-arts ». En découlera le contrôle des enseignements.
- de la déontologie de la profession, « répondant aux conditions d’instruction, d’expérience et de capacité », et la jurisprudence. Elle confia à Julien Guadet la rédaction du « code des devoirs de l’architecte », appelé « code Guadet », qui sera adopté au Congrès des Architectes le 17 août 1895.
- du contrôle des coûts de la construction, chargée par le gouvernement en 1883 de la publication d’une « série des prix » se substituant aux séries de prix et bordereaux existant, et faisant force de loi en cas de litige. Ce sera « la Série des Prix de la Société Centrale des Architectes », mise à jour tous les ans et rééditée en moyenne tous les 5 ans.
Devenue Société Impériale des Architectes, elle a été ensuite reconnue d’Utilité Publique par décret du 5 août 1865
L’Académie d’architecture
Avec la loi du 31 décembre 1940 créant l’Ordre des Architectes, et limitant le titre d’architecte à l’obtention d’un diplôme national, une partie des missions de la Société Centrale était atteinte. Elle décida de poursuivre ses activités.
Sous la présidence de Joseph Marrast, elle devint en 1953 « Académie d’Architecture » tout en conservant ses prérogatives précédentes de société savante reconnue d’utilité publique, et recentra ses activités dans :
- la promotion de l’Architecture et de l’aménagement de l’espace.
- leur enseignement.
- la recherche de l’amélioration du milieu de vie au bénéfice de l’intérêt général;
- la conservation des archives sur l’histoire de l’architecture et des architectes.
Elle poursuivit les éditions de la Série des prix sous l’appellation de « Série Centrale de l’Académie d’Architecture », jusqu’à son interdiction par le Conseil de la Concurrence le 22 juin 1999.